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L’offre de véhicules électriques arrive, mais l’infrastructure reste un défi

Si l’on veut que toutes les voitures de sociétés deviennent électriques, il faut accélérer le déploiement des bornes de rechargement. L’offre de véhicules de plus en plus compétitifs est déjà assurée.

Voici une mesure forte dans la note Vivaldi. Les partenaires de la nouvelle coalition veulent en finir avec la voiture de société à combustion d’ici 2026. La note dont L’Echo a obtenu copie dit clairement que l’objectif est d’en finir tout bonnement avec la vente de véhicules à combustion quand « des voitures zéro émissions abordables » seront sur le marché tout en prenant en compte le cycle de vie de ces voitures.

La volonté est donc tracée. Place maintenant à la pratique: une telle politique est-elle réaliste?
Côté offre d’abord. Le secteur automobile est déjà poussé dans le dos par des menaces d’amendes européennes. Les constructeurs sont donc occupés à électrifier leurs gammes à tour de bras. Pas une semaine ne passe sans qu’un constructeur automobile n’annonce de nouveaux modèles électriques. D’ici 2026, des dizaines et des dizaines de modèles électriques arriveront donc sur le marché dans toutes les marques, de Dacia à Maserati. Tellement de modèles que plus personne ne prend encore le temps de les compter. Un exemple: ce mercredi, Kia a annoncé 7 nouveaux modèles entièrement électriques d’ici 2027.

La note Vivaldi évoque des « voitures qui n’émettent pas de gaz à effet de serre ». Ce qui laisse entendre que les voitures hybrides ne seraient plus éligibles en 2026. Une bataille sera certainement menée par le secteur pour que ces voitures ne soient pas laissées sur le bord de la route.
On sait que le concept de voitures qui n’émettent pas de gaz à effet de serre est théorique dans la mesure où il faut bien produire les voitures et l’électricité qu’elles embarquent. Ça aussi, les constructeurs les plus sérieux l’ont bien compris et essaient de verdir leur production.
Pour autant, la voiture électrique permet dès son premier jour d’utilisation de ne plus polluer là où elle roule. Une étude qui se voulait exhaustive de Transport & Environnement qui date d’avril dernier indiquait que, dans tous les cas, les voitures électriques émettent moins de CO2.
L’offre de véhicules électriques arrive et les prix sont donc tirés vers le bas. On peut aujourd’hui se payer une voiture électrique pour un coût total de possession par mois équivalent à celui d’une voiture thermique. Mais il ne faut pas non plus se voiler la face. Passer à l’électrique pour un prix similaire veut encore souvent dire descendre en gamme. Celui qui roulait en voiture premium se retrouve alors à rouler dans une voiture de marque généraliste. Mais cela est voué à changer si l’on en croit le secteur automobile.
Volkswagen livre actuellement ses premières I.D.3 en Belgique. « Globalement, les prix sont en train de diminuer. Les voitures gagnent en performance et en confort. Le prix d’achat reste plus élevé, car les matériaux sont plus chers. Mais si on regarde le coût d’utilisation, c’est déjà plus intéressant. Une I.D3 peut rivaliser avec une Golf », témoigne Jean-Marc Ponteville, porte-parole de Volkswagen.
« En coût total de possession l’écart entre les voitures thermiques et les voitures électriques se réduit », abonde Erik Swerts, patron de la compagnie de Leasing Alphabet en Belgique (filiale de BMW).
Que ce soit chez Volkswagen ou Alphabet, on pense, comme beaucoup dans l’industrie, que cette initiative est plutôt positive. « Au début, le changement, ça fait toujours un peu peur, mais nous sommes des fournisseurs de mobilité. Essence, diesel ou électrique, ça fera peu de différence pour nous. Tout change vite et nous sommes prêts. Nous avons déjà des milliers de vélos en leasing, personne n’aurait pensé ça il y a 3 ans », ajoute Erik Swerts.

Manque de demande

Le problème jusqu’ici avec les voitures électriques se situe en fait plutôt au niveau de la demande. Les croissances sont certes au rendez-vous, mais bien insuffisantes par rapport à l’offre de nouveaux modèles. Sur les 8 premiers mois 2020, on compte à peine 7.428 voitures électriques immatriculées en Belgique sur 297.524 véhicules, soit une croissance de 30% par rapport à la même période en 2019. Les consommateurs préférant pour l’instant l’hybride à l’électrique.
Créer de la demande avec les voitures de société peut donc avoir du sens pour pousser la technologie. « Il faut rappeler que la raison première des voitures de société, c’est la fiscalité énorme sur le travail. Mais elles ont aussi toujours eu un rôle pour introduire de nouvelles technologies sur le marché. Ces technologies arrivent ensuite sur le marche des occasions. La voiture de société est tès critiquée mais c’est un véritable moteur de transition », observe Jean-Marc Ponteville.
Si Volkswagen est plutôt favorable, la marque demande une politique cohérente et stable pour les années à venir. Le secteur observe qu’avec une telle mesure vient de grandes responsabilités en termes de points de recharge. L’absence de possibilités pour recharger sa voiture électrique en nombre inquiète, que ce soit les sociétés de leasing ou les vendeurs de voitures.
« Les Pays-Bas sont les plus avancés et en France, le passage à l’électrique est compliqué au vu du manque d’infrastructures de recharge. La Belgique se situe entre les deux, mais il y a encore énormément de travail à y faire », nous expliquait le CEO d’EVBox, Kristof Vereenooghe, la semaine passée.
Selon le site de cartographie des points de recharge Chargemap, il y a actuellement 11.001 prises en Belgique dans près de 3.700 zones de recharge. Aux Pays-Bas, on compte 50.375 prises dans plus de 20.000 zones de recharge.

Le secteur automobile est dubitatif

Pour la Febiac, la fédération de l’automobile, il y a en effet encore d’importants obstacles sur la route. La fédération des concessionnaires automobiles Traxio renvoie, elle, vers l’Europe, où l’accent est mis sur 2030. Du côté du WWF, on trouve par contre la mesure envisagée « insuffisante ».
« Sur un parc d’environ 6 millions de voitures particulières, on compte 600.000 voitures de société, les plus écologiques de leur catégorie », pointe la Febiac. « Il est vrai qu’ils couvrent 20% du kilométrage total. Selon nos calculs, cela signifie qu’ils sont responsables de moins de 2% des émissions totales de CO2 dans ce pays », poursuit la fédération sectorielle.
Il aurait peut-être été préférable d’aligner les plans belges sur ce qui se passe dans le reste de l’Europe, où le focus est plutôt mis sur 2030″, réagit-on du côté de Traxio. Une voiture électrique n’est pas non plus toujours « LA » solution pour les personnes qui parcourent beaucoup de kilomètres à titre professionnel, relève encore cette organisation, qui espère dès lors que les véhicules hybrides rechargeables seront inclus dans le processus d’écologisation.

Échéance trop tardive pour le WWF

Le son de cloche est en revanche diamétralement opposé du côté du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui estime « insuffisante » cette volonté des négociateurs d’avoir des voitures de société nouvellement vendues zéro émission à partir de 2026. Cette échéance est trop tardive et il faut, de plus, s’attaquer rapidement aux coûts du carburant, dit l’organisation environnementale.