21,4 milliards qui vont à l’État: le conducteur belge est le plus taxé d’Europe!
Rouler en voiture coûte cher… très cher même. Et l’État semble littéralement accro aux taxes diverses touchant les conducteurs. Selon des calculs effectués par la Febiac, les véhicules à moteur rapportent chaque année 21,4 milliards d’euros. Un chiffre, rapporté au nombre de véhicules, qui place le Belge à la première place du podium des conducteurs les plus taxés.
Si l’on vous parle de fiscalité automobile, vous penserez à la taxe annuelle de circulation. Pourtant, les caisses de l’État ont l’occasion, à de nombreuses reprises, de se remplir grâce aux conducteurs. Il y a notamment les accises sur les carburants ou encore la TVA sur l’achat de véhicules, de carburant, de pièces de rechange… Selon des calculs effectués par la Febiac, la Fédération belge de l’automobile et du cycle, les véhicules motorisés ont rapporté 21,4 milliards aux caisses de l’État !
Champion des taxes
1,4 milliards, c’est beaucoup. Et comme l’ont révélé nos confrères du « Parisien », le Belge est aussi le conducteur le plus taxé d’Europe. Si l’on reprend les recettes fiscales pour chaque pays, compilées par l’Association des constructeurs européens d’automobiles, et qu’on le divise par le nombre de voitures en circulation dans chaque pays, on remarque que la Belgique prend la première place du podium avec l’incroyable somme de 3.687 € de recettes fiscales par voiture en circulation.
Le conducteur est-il en fait une proie facile pour renflouer les caisses de l’État ? « Si l’on augmente de quelques centimes les accises, il peut y avoir un effet multiplicateur énorme », analyse Nadine Antanassoff, de la Febiac. « Nous avons pu le constater lors de certains contrôles budgétaires. Quand le gouvernement décidait d’augmenter les accises de quelques centimes, cela rapportait directement des dizaines de millions d’euros. »
Outre les accises et la TVA, il y a aussi la taxe de circulation que l’on paie annuellement, et la taxe de mise en circulation que l’on paie lors de l’immatriculation d’un nouveau véhicule. « À Bruxelles et en Wallonie, ces deux systèmes sont complètement obsolètes », estime Nadine Antanassoff. « Ces taxes ne sont actuellement pas basées sur un critère environnemental, mais sur la cylindrée ou la puissance en kilowatt. Et la taxe de mise en circulation est dégressive en fonction de l’âge du véhicule. Cela signifie qu’on encourage l’achat des vieilles voitures, plus polluantes. Sans oublier qu’en Wallonie, s’il y a un écomalus pas très décourageant, il n’y a plus d’écobonus. »
Quelle fiscalité idéale ?
Depuis 2016, les poids lourds sont soumis à une taxe kilométrique tarifée en fonction des kilomètres parcourus sur certaines routes. Un système similaire pour les voitures ne serait-il pas plus juste ? « Notre position est simple. Il faut une verdurisation des taxes. Et la taxation kilométrique, ce serait l’objectif ultime », ajoute Nadine Antanassoff. « Mais il faut qu’elle soit intelligente et qu’elle tienne compte du moment où l’on se déplace. Pour cela, il faut aussi des alternatives crédibles à la voiture. Du côté wallon, certains pensent qu’une taxation kilométrique pourrait défavoriser des personnes qui vivent en milieu rural. Mais pour ces conducteurs, qui n’ont pas d’alternatives on pourrait très bien avoir un système intelligent où ils ne devront quasiment rien payer. »
La Wallonie travaille sur une réforme
Qualifiées par de nombreux observateurs d’obsolètes, les règles qui encadrent les taxes de mise en circulation et de circulation en Wallonie devraient être modifiées dans les prochaines années.
Ainsi, la déclaration de politique régionale du gouvernement wallon prévoit, noir sur blanc, que « ces taxes de circulation et de mise en circulation seront revues, à fiscalité globale inchangée, pour les moduler en fonction des émissions de CO2 et de la masse/puissance. L’objectif est notamment d’encourager des voitures moins puissantes et moins lourdes et dès lors moins polluantes. »
Une réforme qui se fait attendre parce qu’elle devrait s’intégrer plus largement dans une réflexion plus large sur les moyens de transports.
« L’objectif, c’est de ne pas repenser la fiscalité qui touche les voitures sans repenser d’abord tous les modes de mobilité », nous explique-t-on au cabinet du ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR). « Comme il faut envisager cette réforme de façon globale, nous travaillons main dans la main avec le cabinet du ministre de la Mobilité, Philippe Henry ».